Avatars humoristiques d'oiseaux Twitter avec des styles vestimentaires différents

Le Twapéro, nouvelle forme de 3ème mi-temps à l’ère naissante des médias sociaux

5 minutes de lecture

Rugby, lien social et frontière entre vie numérique et vie réelle

Daniel Herrero est une figure emblématique du rugby à XV français. L'homme au célèbre bandeau rouge, barbe et cheveux grisonnants, est un grand orateur au verbe riche, fleuri et chantant. Ancien joueur, entraineur, commentateur sportif, voyageur écrivain, consultant, il est fréquemment sollicité dans des séminaires sur le thème de l’esprit d’équipe et le management des hommes.

Portail Daniel Herrero


Poète conteur du rugby, derrière l'évocation de l'ésotérisme ce sport, il en révèle les meilleurs côtés, avec ses valeurs initiatiques de solidarisation et de fraternisation. Ce n'est pas le fruit du hasard s'il est l'ambassadeur officiel de la Fédération Internationale des ligues de Droits de l'Homme (FIDH). Mais dans le coeur des rugbymen, il est officieusement, mais de manière indiscutable, notre ambassadeur de l'ovalie, ce mot rentré dans le dictionnaire de l'académie française sous l'impulsion de celui qu'il considère comme son maitre : le philosophe académicien Michel Serres.

Un autre orateur à l'accent chantant lui aussi, celui de sa (ma) Gascogne natale, originaire d'Agen, terre de prédilection de l'Ovalie.

Et oui, c'est un peu mon monde aussi, avec un frère ayant évolué dans le TOP16 et toujours joueur et éducateur, un papa arbitre national et formateur d'arbitre, un grand père joueur et président du petit club de mon village, où j'ai grandi et chaussé les crampons : Mauvezin. Ce village est aussi celui où est enterré Roger Couderc, le premier célèbre commentateur sportif du rugby à XV à la télévision et à la radio, dont l'enthousiasme a largement contribué à la popularité du rugby en France. Ceci explique notamment mon imprégnation de ces sujets, vous l'aurez compris.

Logo TEDx Monpellier

Daniel Herrero était invité, en janvier dernier, à faire le discours de clôture (voir la vidéo plus bas en fin de billet) de l'édition 2012 de la conférence TEDx de Montpellier, prêt de son village natal de Puisserguier. Le thème de ce TEDx était "Vies numériques, réinventer l'humain". Cette conférence s'inscrivait donc parfaitement dans l'actualité de notre civilisation, avec les perspectives et les enjeux liés aux nouveaux modes relationnels naissant au travers du développement d'Internet et des médias sociaux.

Comme je l'ai rappelé dans mon récent billet sur "l'ultraconnexion", avec Internet, nous allions pouvoir détester notre voisin et aimer notre lointain. Une dérive possible et paradoxale serait un isolement physique de la personne, avec une activité relationnelle uniquement avec des personnes éloignées physiquement, par le biais des réseaux et médias sociaux sur internet.

Derrière la vision d'une frontière devenue trouble entre vie réelle et vie numérique, Daniel Herrero est venu nous clarifier parfaitement quelle était cette frontière. Avec beaucoup de brio et d'humour (vous allez vous marrer quand il parle de Twitter dans la vidéo. cf. à la fin du billet), en s'appuyant sur les valeurs relationnelles du rugby que j'évoquais plus haut, il nous montre que les nouveaux modes relationnels rendus possibles par internet sont une formidable ouverture vers la rencontre, le partage et la diffusion de connaissances. Oui, il dit "aimer d'amour" les "petites poucettes" dont parle Michel Serres, ceux qui se servent de leurs pouces sur le clavier de leur smartphone pour être articulés avec le monde. Mais Daniel Herrero nous rappelle surtout que la taille de ton réseau social numérique ne remplace pas le besoin de proxémie et la nécessité de la proximité physique pour entreprendre :

"Il n'y a pas d'aventure humaine dynamisante qui ne soit pas impulsée par de la proximité. Les amis sont proches. L'ami a besoin de proximité, de côte à côte, de face à face, de se sentir, de se voir". "Vas-y (…) avance avec tes technologies (…) ne te fais aucun souci, on y est (à côté de toi…) l'homme grandit dans l'action (…) seule l'action et la présence seront dynamisantes pour faire grandir notre humanité".

Twitter et le rugby : même ésotérisme initial et même génération du besoin de proxémie

Tout comme le rugby, quand on découvre Twitter, on est d'abord frappé par son ésotérisme, ces codes mystérieux. Comme au rugby, il y a des règles. La première : s'exprimer en 140 caractères maximum, et cela impose déjà de la discipline : devoir s'exprimer en quelques mots, ça demande à réfléchir, à bien les choisir, la forme, utiliser des codes, des #hashtags, ce qui alimente aussi l'ésotérisme… Mais il y toujours une volonté de rester intelligible, ce qui marque une grosse différence avec le langage SMS, complètement restrictif puisque le message ne circule qu'entre 2 personnes. Avec Twitter, les modes relationnels sont très nombreux : s'adressant à tous, à quelques uns, à un seul, à la fois à soi-même et à la vision de tous ? Il y a les producteurs de contenus, les égocentrés, les retweeteurs, les veilleurs, les trolls, les passifs observateurs, etc. et il y a aussi des échanges.

Au fil du temps, on peut même sentir s'installer une étrange sensation de lien relationnel, singulier, une forme de complicité. Et au bout d'un moment, et c'est bien là où je voulais en venir dans ce billet : après s'être rencontrés dans cette mêlée de mots, de tweets, de mentions, de retweets, il y a tout à coup un besoin irrésistible et inéluctable de se voir en vrai, en petit groupe "à échelle humaine". Et c'est là que le Twapéro (apéro Twitter) apparait, comme une sorte de troisième mi-temps.

Même si la technologie a fait de nous des "humains augmentés" par la puissance d'internet, jamais elle ne pourra remplacer la puissance des échanges dans la proximité. Parce que nous sommes des femmes et des hommes, et que naturellement et inévitablement, nous avons besoin de passer de l'URL à l'IRL (In Real Life).

Nous nous rencontrons aussi pour partager. Comme le dit Daniel Herrero à 7:39 dans la vidéo ci-dessous : "Partager, collègue, c'est un mot colossal, qui veut dire simplement (…) qu'il va falloir à un moment qu'on découpe les choses en tranche, que ton bonheur soit le bonheur de l'autre, sinon ça ne marchera pas". C'est un autre Daniel, ami dont j'aime la proximité, à Mauvezin dans mon village natal, à qui j'ai pris la phrase qui est devenue la baseline de ce blog : "Ce qui n'est pas partagé est perdu".

Bon Twapéro à vous !

Vidéo du discours de clôture de l'édition 2012 de la conférence TEDx de Montpellier, par Daniel Herrero en janvier dernier :

3 Commentaires
  • SylvainePascual
    Publié à 18:28, 05 juillet 2012 Répondre

    Le #Twitpéro comme troisième mi-temps de l’Internet, j’aime le concept^^ Recréant des communautés improbables mais bien réelles, qui s’organisent des IRL parce qu’au fond, c’est bien à cela que nous aspirons tous…
    Et du bonheur en plus lorsque la troisième mi-temps a un parfum d’ovalie un poil chauvine qui nourrit le sentiment d’appartenance;)
    Vivement les #Twitpéro66Paris et les #TwipéroPlaya66, mais aussi tous les autres #twitpéros!

    • titou
      Publié à 21:44, 05 juillet 2012 Répondre

      Merci Sylvaine, notre live-twitteuse préférée pendant les matchs de l’USAP !

  • Pingback:Infographie : les 4 étapes pour s’approprier l’usage de Twitter | Blog | T2 UX
    Publié à 12:09, 14 décembre 2014 Répondre

    […] effet, Twitter a ses usages et ses codes, et le premier contact est souvent difficile, la prise en main ne peut être immédiate. Un certain […]

Post A Reply to Infographie : les 4 étapes pour s’approprier l’usage de Twitter | Blog | T2 UX Annuler la réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.