Ce projet s’inscrit pleinement dans la démarche que nous portons avec Géorésilience, qui fédère des expertises complémentaires pour renforcer la résilience des territoires face aux risques majeurs et aux crises systémiques.
En tant que spécialiste chez Géorésilience sur les questions numériques, j’ai à cœur de contribuer à cette dynamique collective et d’explorer des solutions concrètes comme le STAMM, au croisement du numérique, de la gestion de crise et de l’autonomie locale.

Société de conseil accompagnant la conception de plans opérationnels de gestion des risques majeurs, diffusion de la culture du risque, implication des populations
Dans un précédent billet consacré aux liens entre risques majeurs et autonomie numérique, j’évoquais la nécessité de développer des solutions concrètes permettant d’assurer la continuité de la communication et de l’accès à l’information, particulièrement dans des situations dégradées.
C’est dans cette perspective que le projet STAMM — Serveur Terminal Autonome Messagerie Mobile a été designé et développé.
Protection du projet par les droits de propriété intellectuelle
Dans une logique de protection et de valorisation de cette initiative, j’ai déposé une enveloppe e-Soleau auprès de l’INPI, garantissant l’antériorité et l’originalité du projet STAMM.
Pourquoi un Cyberdeck STAMM ?
Les crises récentes – qu’elles soient sanitaires, sociales, énergétiques, liées à des cyberattaques, des catastrophes naturelles, technologiques (et systémiques, comme les NaTech : Naturelles entrainant des Technologiques, ou inversement) – nous rappellent combien notre dépendance aux réseaux centralisés (électricité, internet, téléphonie mobile) constitue une vulnérabilité majeure.
Le projet STAMM vise à répondre à cette vulnérabilité : il s’agit d’un kit de communication et de services numériques décentralisés, portable et autonome, pensé pour fonctionner :
- en cas de panne des réseaux électriques ou télécoms,
- dans des zones blanches ou isolées,
- ou encore dans le cadre d’exercices et d’opérations de gestion de crise.
Les « 4 CO »
Dans les situations de crises, la communication est un pilier. Nous en avons besoin pour prévenir les populations, coordonner les secours…
La préparation aux crises est essentielle en amont, la communication l’est pendant la crise, la communication étant entendue et comprise ici dans une double signification :
- Capacité des individus à se transmettre des informations (tactiques, stratégiques) et de se comprendre
- Les outils qui la sous-tendent et la permettent, à distance
C’est un pilier de ce que j’appelle les 4CO : sans COnfiance, il n’y a pas de COmmunication. Sans communication, il n’y a pas de COordination. Et sans coordination, c’est la COopération elle-même qui disparaît.
Pour se coordonner et coopérer nous avons besoins d’outils et de supports : outils de communications, cartes géographiques et topologiques (SIG, Systèmes d’Informations Géographiques), photos, documents, procédures…. Ces contenus et outils sont aujourd’hui essentiellement utilisables et accessibles via les réseaux téléphoniques et internet. Or, en cas de crise, ils peuvent être dégradés voire inopérants, ce qui augmente les risques systémiques et les effets catastrophiques en cascade. Le STAMM a été en grande partie pensé pour répondre à cela.

Ce que contient le STAMM
Le STAMM prend la forme d’une valise étanche et portable qui embarque l’essentiel pour déployer rapidement un terminal/serveur informatique et radio autonome.
Fonctions principales
- Connexion filaire Ethernet et switch réseau intégré
- Point d’accès Wifi longue portée
- Communications Bluetooth et radio HF/VHF/UHF, messagerie LoRa/Meshtastic, voir mes explications
- Serveur collaboratif : wiki, médiathèque, tutoriels, cartographies d’urgence
- Serveur d’Informations Géographiques (SIG) pour la gestion opérationnelle des secours et de l’intervention
Énergie et autonomie
- Panneau solaire portable étanche (10W)
- Batterie universelle multi-sorties (USB, DC, réglages de 5 à 16 volts)
Matériel intégré
- Nano-ordinateur Raspberry Pi avec stockage externe SSD 2To
- Interfaces réseau, antennes et dongles radio, nœud Meshtastic RAK4631
- Écran tactile 11,6’’ et clavier/trackpad étanche
- Haut-parleurs et connectiques audio
- Connectiques électriques et données USB-A/C et DC
Logiciels embarqués
- Raspberry Pi OS (basé sur Linux Debian)
- Conteneurs Docker pour la gestion des services
- MediaWiki, MiniDLNA, QGIS serveur SIG (Système d’Information Géographique)
- Logiciels de communication LoRa Meshtastic et radio SDR
Un outil pour la résilience collective
L’enjeu n’est pas seulement technique : le STAMM est pensé comme un outil de terrain pour la gestion de crise, permettant à des équipes locales de :
- maintenir un réseau minimal de communication et de coordination,
- accéder à une base documentaire et cartographique partagée,
- relayer des informations en autonomie, sans dépendre d’infrastructures centralisées.
Il s’inscrit ainsi dans une démarche de résilience territoriale et numérique, en créant une capacité d’action locale, immédiate, et reproductible.
Et après ?
Le prototype STAMM est désormais assemblé et opérationnel. Les prochaines étapes concerneront :
- La finalisation matérielle avec la fixation des équipements dans un coffrage en impression 3D
- Les tests en conditions réelles ; exercices PCS/PICS, simulations de coupures
- L’optimisation de l’ergonomie ; usage terrain, rapidité de mise en service
- L’exploration de cas d’usage variés ; acteurs de la sécurité civile, réserve communale de sécurité civile, (RSCV), collectivités, associations, organisations humanitaires, etc.

En résumé
Le Cyberdeck STAMM est un projet expérimental mais ancré dans une conviction : nous devons penser la résilience numérique comme une composante essentielle de la gestion des risques majeurs.
En combinant low-tech, open source et portabilité, il ouvre une piste concrète pour reprendre la main sur nos infrastructures numériques lorsque celles-ci font défaut.
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