Pyramide de Maslow des Gilets Jaunes et du R.I.C.

Sortir du piège de la pyramide du pouvoir par la pyramide des besoins

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Résumé

La crise des Gilets jaunes comme d'autres révoltes sociales dans le monde mettent en évidence une fracture importante entre les populations et les décisions de ceux qui sont censés les représenter. En France, le Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC) est perçu par certains mouvements comme un moyen pour améliorer le système de représentation. Reste la question de sa faisabilité. Une chose est sûre : partout dans le monde les marchés et les institutions sont gangrénées par le capitalisme de connivence (corruption) et les populations sont soumises à un système pyramidal qui s'est déployé sur toute la planète grâce à la vitesse des communications et des transports.

Cette globalisation entraîne une dépendance à ceux qui contrôlent la circulation de ces ressources pour assouvir le mode de vie consumériste, le maintien dans une zone de confort qui met à mal les capacités d'adaptation des individus à n'importe quelle difficulté : les populations des pays dit "riches" ont très peu de capacité de résilience. Les chaînes logistiques à flux tendu reposant sur le pétrole pas cher acheminent les ressources alimentaires : ce faisant elle font peser de grands risques systémiques.

D'où la nécessité d'autonomie à l'échelle locale pour réduire la dépendance et une inversion du pouvoir : les principes de subsidiarité ascendante et de suppléance pour des territoires et des communautés reliés dans des systèmes et pays plus résilients, la nécessité de design d'organisations plaçant au centre l'humain, la souveraineté individuelle et locale. Mais cela nécessite que chacun prenne ses responsabilités au lieu de les déléguer à ceux qui en abuseront. Cela doit passer par une prise de conscience : chaque être humain existe par représentativité. C'est une Loi Naturelle. En cédant cette représentativité à des représentants, en nous soumettant à un système volumique pyramidal, nous ne sommes plus des êtres humains mais des objets sous contrôle. C'est le vieux secret des bâtisseurs.

Pyramide hierarchie sociale egypte

Design d'organisations humaines et citoyennes

La crise des Gilets Jaunes a été déclenchée par l'augmentation de la taxation du carburant routier, sur la base d'une fracture territoriale de l'offre de mobilité : diversifiée dans les grandes métropoles seulement, elle ne l'est pas à l'échelle locale sur la majorité du territoire : des français sont totalement dépendants du pétrole utilisé par leur véhicule pour aller se ravitailler, travailler, chercher du travail, transporter leurs proches, avoir une vie sociale et se soigner, toujours plus loin... Cette crise des Gilets Jaunes s'est déclenchée aussi sur la base d'un malaise profond accumulé depuis des décennies de dérives : obésité étatique centralisée, capitalisme de connivence, acharnement fiscal et injustice territoriale (abandon, dégradation des services publics de proximité). Cette crise met en évidence notre extrême dépendance au pétrole (importé à 99%), à des chaines logistiques longues pour les ressources de première nécessité, et au système politique accaparé par une technostructure.

Le Design du système par la base offre plus de liberté au niveau local, rendent le système plus intelligemment humain et connecté, solide, adaptatif et résilient (capacité à encaisser les chocs). Car sans cela les risques d'un effondrement systémique sont élevés.

La prise en main du citoyen  ?

En moins d'un mois du mouvement des Gilets Jaunes, le "RIC" Référendum d'Initiative Citoyenne est  devenu la principale revendication. Il vise à instituer des contre-pouvoirs pour mettre un terme aux dérives de la représentation : corruption et oligarchie. Il s'agit de restaurer le principe de la République tel qu'il est défini dans l'article 2 de la constitution française : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple par le RIC. C'est un moyen pour réinvestir le citoyen de sa responsabilité qu'il a abandonné.

Affiche inspirée par publicité Ricard RIC CARL Référendum d'Initiative Citoyenne Constituant Abrogatoire Révocatoire Législatif

La technoctructure et ceux qui profitent aujourd'hui de ce système injuste n'accepteront jamais le RIC qui donnerait la possibilité aux administrés de contrôler l'administration. Nous en avons déjà la démonstration avec un système qui ne joue pas l'apaisement ni la recherche d'une solution politique vis à vis du mouvement des Gilets Jaunes, mais au contraire une dangereuse stratégie du chaos par la propagande et la diabolisation politique et médiatique du mouvement, quitte à pousser le pays à la fracture et provoquer des tensions économiques et géopolitiques ; une violente répression policière et le vote de lois liberticides, condamnés unanimement par l'Union Européenne, l'ONU, la cour européenne des droits de l'homme, la ligue des droits de l'homme.

Quand la constitution dit que "la souveraineté nationale appartient au peuple" la faille contradictoire est inscrite juste après : "qui l’exerce par ses représentants". À partir du moment où je cède ma représentation, je n'existe plus. C'est une loi de l'univers (j'y reviendrai à la fin du billet). 

Les citoyens veulent-ils vraiment le comprendre ? Et assumer d'être leur propre représentant et considérer que tout autre être humain est son égal en étant aussi le représentant de lui-même ?
L'homme croit vouloir la liberté. En réalité il en a très peur. Pourquoi ? Parce que la liberté l'oblige à prendre des décisions, et que les décisions comportent des risques. Mais si par contre il se soumet à une autorité, alors il peut espérer que l'autorité lui dise ce qu'il est juste de faire ou pas. Erich Fromm
La liberté n'est pas un droit. C'est une épreuve.

Risques de l'extrême dépendance systémique

Les révoltes peuvent facilement aboutir à des blocages et des pénuries : soit comme conséquence du mouvement populaire, soit comme moyen de pression du système sur la population, ou encore par des pressions exercées par des puissances extérieures. Plus globalement, nous sommes menacés par des risques systémiques économiques, géopolitiques et sanitaires, notamment pandémiques, dus à la mondialisation, la vitesse et l'intensité des flux humains et logistiques rendus possibles par le pétrole pas cher.

Une mise en place d'un système plus démocratique s'inscrit dans la durée. Il faut être en situation et état d'y réfléchir, de se coordonner et d'agir. Et cela repose d'abord sur la nécessité d'assurer nos besoins de base. Il faut pouvoir se nourrir. Et cela repose pour beaucoup trop aujourd'hui sur la mobilité. Certains Gilets Jaunes ont déjà des difficultés à remplir leur frigidaire. C'est ce qui est représenté dans le schéma, la pyramide de Maslow que j'ai revisité.

Pyramide de Maslow des Gilets Jaunes et du R.I.C.

Pour l'alimentation nous sommes dépendants de chaines logistiques, elles même dépendantes de systèmes et de réseaux de transports et d'information, et du pétrole que nous importons à 99%. En France, les territoires importent en moyenne 98% de ce qu'ils mangent (cela varie selon les endroits) et les magasins alimentaires n'ont en moyenne que 3 jours de stock, les flux logistiques d'approvisionnement étant des flux tendus, avec le minimum de stock. Paradoxalement, les territoires exportent la quasi totalité de leur production agricole, constituant une matière première qui sera elle aussi transportée, et transformée industriellement ailleurs, parfois très loin, et, c'est un comble, parfois aussi pour être de nouveau transportée pour revenir transformée dans ce même territoire.

Il peut y avoir des risques de blocages et de pénurie dans l'avenir. Il faut donc penser à avoir des stocks alimentaires chez soi, comme le faisaient nos anciens. Des conserves, du riz, etc., un stock tournant et intelligent : "Je stocke ce que je mange et je mange ce que je stocke". Les gens peuvent échanger et s'entraider, notamment par l'aide à ceux qui sont en grande difficulté.

La solidarité et l'entraide ne peuvent fonctionner que sur la base de démarches de sensibilisation et d'actions individuelles et collectives.

Étagères de conserves de légumes

Tout cela doit aussi nous faire prendre conscience d'une chose : nous sommes aujourd'hui très dépendants des systèmes de support au niveau national et international pour nos besoins fondamentaux (boire, manger, hygiène, se chauffer, communiquer, se déplacer…). Faire un peu de stock de nourriture c'est bien, mais ce n'est pas suffisant dans la durée.

autonomie à l'échelle locale : réduire la dépendance et augmenter la solidarité nationale et internationale

Il faut commencer à réfléchir sérieusement à comment devenir plus autonome localement, progressivement, que ce soit sur le plan politique et économique, et sur le plan des besoins fondamentaux. D'abord en mettant en place des circuits courts, des potagers, de la production alimentaire locale, etc. Il ne s'agit pas de revenir au moyen-âge, mais de s'appuyer sur les progrès de la polyculture et mettre fin à un mensonge : la monoculture intensive et conventionnelle n'est pas la solution, elle seule est un problème.

La meilleure échelle est la commune et le quartier. Les maires ruraux se sentent abandonnés par l’État et soutiennent les Gilets Jaunes. Réduire leur dépendance et devenir plus autonome c'est reconstruire des bases solides.

Il ne s'agit pas d'un repli sur soi. Il faut sur-produire localement, afin de pouvoir mettre à disposition le surplus pour ceux qui en ont besoin à l'extérieur du territoire.

Nous sommes également très dépendants de l'énergie, du pétrole et du gaz pour le chauffage, la transformation des aliments, la communication, et surtout la mobilité et le transport de produits de première nécessité. Nous importons 100% de l'uranium et 99% du pétrole et du gaz que nous consommons. Ces ressources proviennent souvent de pays lointains, et donc au cœur d'enjeux et de tensions géopolitiques, questions que j'ai développé dans le billet : La résilience alimentaire locale doit être la première préoccupation des maires. Tout ceci repose également sur des systèmes d'information interconnectés, dépendants de l'énergie, et susceptibles de pouvoir subir des dysfonctionnements et des cyber-attaques, provoquant des ruptures de chaines d'approvisionnement.

Étalage de légumes issus d'une production locale

Réduire cette dépendance est une nécessité absolue et s'inscrit dans la logique que nous développons ici. Cela s'applique aux différents composantes de la survie et de l'autonomie : eau, alimentation, hygiène, traitement des déchets, énergie, chauffage, communication, transports, sécurité, secours, soins, en s'appuyant sur le low-tech.

Des associations comme S.O.S. Maires et Brigade DICRIM alertent sur ces risques systémiques complètement ignorés à l'échelle de la commune, des villes et quartiers.

subsidiarité ascendante : une inversion du système

Inverser le système passe par une subsidiarité descendante depuis l'Europe (délégation ou attribution de pouvoirs vers un échelon plus petit, surtransposition, dévolution ou décentralisation, socle de développement d'une technostructure bureaucratique autoritaire et du capitalisme de connivence), pour passer à une subsidiarité ascendante, juste, humaine, modeste, remplie de partage, commençant à l'échelle de la commune et du quartier, et en remontant vers les échelles supérieures. C'est la ré-appropriation du politique et de la responsabilité individuelle par le citoyen. Cela existe en partie ailleurs, notamment près de chez nous, en Suisse. Même si l'on constate que là aussi, les citoyens ont tendance à fuir leur responsabilité et préfèrent déléguer au-dessus.

Vote à main levée

La subsidiarité ascendante est un principe selon lequel une autorité centrale ne peut effectuer que les tâches qui ne peuvent pas être réalisées à l'échelon inférieur. C'est l'échelon inférieur qui décide. Elle est plus démocratique car elle rend possible des assemblées populaires locales. On se réunit en assemblée de proximité pour régler les problèmes de proximité. Quand cela dépasse l'échelle géographique de base, on se réunit avec des porte-parole pour décider ensemble à l'échelle supérieure. Et ainsi de suite, de façon ascendante quand les difficultés à surmonter dépassent le local. C'est le principe de suppléance, qui veut que quand les problèmes excèdent les capacités d’une petite entité, l’échelon supérieur a alors le devoir de la soutenir, dans les limites du principe de subsidiarité.

C'est là où le RIC, le Référendum d'Initiative Citoyenne en toutes matières (Constituant, Abrogatoire, Révocatoire, Législatif) rentre en jeu, en permettant, notamment au niveau constituant, de contrôler les risques de dérive de la représentation. Si nous voulons rester souverains au niveau individuel et local, nous ne devons jamais céder notre représentativité. Ceux qui seront des porte-parole doivent être réellement choisis localement, protégés et sous contrôle pour éviter qu'ils soient soumis à des influences néfastes, chantages, corruption, manipulation, ou victimes d'eux-mêmes : tentations du pouvoir et autres pulsions ou travers....

Céder sa représentativité revient à renoncer à soi-même et devenir un objet, un esclave en bas de la pyramide

Les représentants ne sont pas légitimes pour écrire les règles d’une représentation dans une constitution ou n'importe quelle autre règle de représentation, sinon ils sont en conflit d’intérêts. Tous les systèmes politiques pyramidaux existants depuis des millénaires, y compris celui (et ceux) hérité(s) de la Révolution française. Leurs représentants sont illégitimes de fait.

Macron compas equerre pyramide du Louvres

Si vous avez cédé votre représentativité, d'autres l’exercent à votre place, vous n’êtes plus rien. Vous n’êtes « personne ». C'est le message de la pyramide. La pyramide est une prison, un objet unique qui vole à tous leur propre unicité. C'est le sommet qui décide. L'oeil qu'on peut voir en haut des pyramides. Celui qui a reçu la représentativité de l'humain va pouvoir agir sur lui puisque l'humain lui a donné sa propre volonté. L'humain ne vaut plus rien puisqu'un autre exerce sa représentativité. L'autre exerce pour deux et est aussi le dominant qui domine son frère.

Chaque être humain ne peut que se représenter lui-même. C'est une loi naturelle.

La Représentativité est intrinsèquement liée à la notion d’ÊTRE et s’oppose à la notion d’AVOIR. Elle fait de nous des êtres humains et vivants en harmonie avec l’ordre naturel de cet Univers. Dans l'univers, chaque chose répond à des règles mathématiques et est représentante d'elle-même. Elle confère à deux choses de même nature les mêmes propriétés. L’autre a les mêmes droits et responsabilités que moi, car l’autre est un équivaut. Elle s’exerce dans l’art de ne pas nuire à son prochain.

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